Le bocal

Pendant l'un de mes premiers bilans de compétences, une bénéficiaire a évoqué son "bocal" : "il est devenu trop petit" C'est fou ce que l'on peut exprimer en images. J'ai gardé en tête cette phrase et on pourrait aller plus loin dans la réflexion, toujours en images. Son bocal, c'était son environnement professionnel. Et moi ? Comment est mon bocal ? -Comment est l'eau ? Plutôt claire ou assez trouble ? - (Trop) fraîche ? Glacée, mais c'est exactement comme ça que j'aime mon eau ? -Qu'est-ce que j'y fais dans ce bocal ? Est-ce que ça me satisfait d'y faire ça ? -Est-ce qu'il est assez "grand" pour moi ? -Est-ce que j'y suis seul(e) ? Est-ce que ça me plait ? Ou j'ai besoin d'échanger davantage ? -Quelle est ma vue, depuis mon bocal ? J'en ai une au moins ? Je ne sais pas si mon bocal me correspond toujours. J'y suis un peu par succession d'opportunités. Ou peut-être parce qu'on m'a dit que "c'était un bocal dans lequel il y avait de quoi faire" Dans celui-ci, j'ai bien essayé de changer quelque chose, de nager dans l'autre sens, mais cela n'a pas changé grand chose à mon ressenti, sauf peut-être la sensation de "lutte" ou de "force" encore un peu plus présente. Pas très agréable, et très fatigant, au quotidien. Ce qui me manque dans ce bocal, c'est ... et j'ai besoin d'un peu plus de... (j'y mets mes valeurs : liberté ? autonomie ? responsabilités ? flexibilité ? reconnaissance ? bienveillance ? Communication ? J'ai même pensé à complètement changer de bocal, et certains jours, il y a un morceau du plan d'évasion qui se dessine dans ma tête, oui mais... Celui-ci, c'est quand-même mon bocal. Je le connais, je le connais tellement que je n'ai plus à y construire des repères. Je n'ai plus à réfléchir à ce que je veux y faire, dans ce bocal. Je n'apprends plus vraiment, je fais. Il y a quelque chose de rassurant et de confortable dans mon bocal. Et puis il y a mes collègues dans ce bocal, c'est pas la perfection, mais on échange, on se connait, on s'entend plutôt bien. "Bocal", ça peut vite être perçu comme péjoratif. Derrière, il peut y avoir la notion d'"enfermement", de manque d'espace, d'un endroit duquel on fait vite le tour, où l'on peut même tourner en rond. Non, c'est juste une image. Je crois que c'est ok de faire un point sur notre bocal. Y rester ou vouloir en changer, identifier pourquoi on y est bien, ou ce qu'il nous manque pour nous y sentir "encore" bien, ou encore mieux, ce que l'on gagnerait et ce que l'on perdrait concrètement à en changer, mêmes questions pour y rester, comment l'aménager au mieux ...